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Introduction de Grands tétras dans les Vosges : Informations et interrogations
Depuis le début du projet de réintroduction du Grand tétras dans le massif, le PNR et la Préfecture des Vosges ne cessent de dissimuler les informations. Et quand ils communiquent, ils entretiennent le flou, l’imprécision voire le mensonge.
La phase opérationnelle de réintroduction ayant démarré sur le massif, nous vous proposons de tirer un premier bilan provisoire sur la base des éléments dont nous disposons. De nombreuses interrogations en résultent, nous avons pris le parti de les exprimer clairement et nous attendons, comme tous ceux qui s’interrogent ou ont exprimé des doutes sur cette opération, et ils sont nombreux, des réponses claires et sans détours.
• Sur le nombre d’oiseaux capturés et introduits :
Neuf Grand tétras ont été transportés vers les Vosges, 5 coqs et 4 poules.
Et non 20 comme cela a été déclaré par le PNRBV ici ou là, et encore moins 40 comme le projet le prévoyait initialement.
Car dans une lettre du 4 avril 2024, l’agence environnementale norvégienne a autorisé la capture de 50 oiseaux sur 5 ans, soit 10 oiseaux par an.
• Alors pourquoi le PNRBV a-t-il récemment réitéré une demande d’autorisation de captures afin de réaliser un lâcher cet automne ?
• Est-il exact qu’une autorisation de capture de 50 oiseaux par an a été délivrée par les autorités norvégiennes ?
• Combien d’oiseaux est-il prévu de capturer cet automne ?
• Sur quels sites seront-ils relâchés ?
• Sur les captures : la mort d’un coq et le stress pour tous
Dix oiseaux ont été capturés, conformément à l’autorisation norvégienne. Un coq est mort après une capture, l’autopsie a révélé une crise cardiaque.
Arrêtons-nous sur ce que signifient concrètement ces captures :
1) Les Grands tétras ont été attrapés au filet, à la période la plus sensible pour eux, celle de leur chant, de leur parade pour se reproduire, moment de leur plus grande vulnérabilité ;
2) Pour procéder aux examens vétérinaires et à la pose de balises GPS, les oiseaux ont été cagoulés, leurs ailes et leurs pattes entravées ;
3) Chaque oiseau fut ensuite enfermé dans un carton empêchant le déploiement des ailes, la cagoule enlevée ;
4) Les cartons ont été chargés dans une voiture pour un long voyage de 28 heures…
• Combien de personnes ont été engagées sur cette première opération?
• Sur la pose des balises : un stress qui affecte notablement la qualité de vie et la reproduction des oiseaux
Une étude récente publiée le 25 avril, démontre que l’installation de balises sur des oies simplement capturées et équipées « ont retardé leur migration printanière et réduit leur probabilité de produire des oisillons cette année-là », alors qu’en est-il sur des oiseaux stockés, transportés pendant 28 heures et affamés ?
• Sur le transport : 28h en voiture dans une boite
Trois voitures ont fait le voyage de la Norvège vers les Vosges. La première voiture contenait quatre Grands tétras, elle est arrivée le 25 avril après-midi, les oiseaux ont dû patienter 24h de plus.
Calendrier des captures :
23/04/24 : Échec des captures dans la nuit
24/04/24 : 4 captures et départ de Norvège de 4 oiseaux (3 poules, 1 coq) au matin (11h) (arrivée le 25 vers 15h)
25/04/24 : 3 captures (1 poule, 2 coqs), (arrivée le 26 vers 15h)
26/04/24 : 3 captures (3 coqs), mort du premier coq capturé, départ de Norvège de 2 coqs au matin (11h) (arrivée le 27 vers 15h)
Audience TA le 25/04 Délibéré le 26/04
26 et 27/04/24 : lâcher au Grand Ventron
• Pourquoi la mort d’un coq a-t-elle été cachée ?
• Sur le site de lâcher
Le PNR et l’état ont affirmé qu’il existe 50 000 ha d’habitat de qualité ! La vérité est plus proche de 5 à 6000 ha disséminés sur tout le massif.
Pourquoi un tel mensonge ?
Pourquoi parler de renforcement et effectuer un lâcher sur Ventron, alors que le tétras n’y a plus été observé depuis 2021, malgré les suivis en place sur ce massif ? Il s’agit bien d’une réintroduction.
• Quelles sont les nouvelles mesures d’accompagnement à la hauteur des enjeux ?
• Un milieu très différent : habitat et nourriture
Les Grands tétras norvégiens ont été lâchés dans un milieu très différent du leur : ils ont quitté une forêt très enneigée et froide, peuplée de pins sylvestres, pour arriver apeurés et affamés dans une forêt où la neige n’était présente qu’en plaques, en train de fondre, avec des températures très élevées dans les jours suivants leur lâcher (plus de 20° à 1000m), et de surcroît dans une forêt sans aucun pin …
Détail important : à cette période, les Grands tétras norvégiens ne mangent que des aiguilles de pins, ce que l’autopsie du coq mort a permis de constater d’ailleurs. Il est probable que les Grands tétras norvégiens se rabattent sur les aiguilles de sapins ou d’épicéas, mais en combien de temps?
• Alors que le PNR annonce une grande similitude des biotopes d’origine et de destination, comment une telle évidence n’a pu être prise en compte dans le choix du site de lâché ?
• Constatant l’absence sur place de leur nourriture habituelle, n’y a-t-il pas un risque que les oiseaux quittent ce territoire pour des lieux plus favorables à leur régime alimentaire ?
• Un suivi opaque :
Le PNRBV assure seul le suivi.
Nos associations demandent communication des rapports de captures, de lâchers, d’autopsie ainsi que des rapports de suivi mensuel que le PNRBV doit fournir au CEN de Lorraine et au GTV.
• Pourquoi le GTV, le CEN et l’ONF partenaires officiels de l’opération ne sont-ils pas associés au suivi ?
• Sur les précautions sanitaires
Aucune précision sinon une vague référence à un accompagnement vétérinaire n’a été délivrée par le PNR et la Préfecture
• Quelles analyses vétérinaires ont été réalisées ?
• Quels pathogènes éventuels ont été recherchés et avec quelles méthodes ?
• Sur quel matériel biologique ? Plumes, crottes, frottis, … ?
• Pourquoi n’y a t-il pas eu de période de quarantaine ?
Ce qui pourtant aurait dû être incontournable. L’introduction dans le milieu vosgien de nouveaux pathogènes (virus, parasites, bactéries, champignons…) est toujours possible. La crise covid a démontré ô combien il est nécessaire d’être plus prudent que jamais
• Sur le budget prévisionnel
Les éléments chiffrés et les citations sont tous vérifiables pages 65 à 70 du dossier complémentaire présenté à la consultation du public. Ce prévisionnel pose de nombreuses questions :
• Un prévisionnel de deux ans pour un projet sur cinq ans !
Alors que le projet fait état d’un programme sur cinq ans, seules les années 2024 et 2025 sont détaillées, les trois années suivantes sont renvoyées à un improbable programme européen pour lequel nous ne disposons d’aucune information.
• Les porteurs seraient-ils déjà convaincus que leur projet n’a pas d’avenir ?
• Est-ce bien sérieux ?
• Fausse transparence et manipulation des chiffres
– Première manipulation :
Le volet N°3 « mesures d’accompagnement du projet » n’est pas pris en compte dans les communications de la Préfecture et du PNR, pour qui les seuls volets 1 et 2 sont à considérer pour le calcul du coût du projet !
– Seconde manipulation :
Plusieurs lignes de dépenses du budget ne sont pas prises en compte dans les totaux, comme si ces charges bien qu’inscrites et réelles, n’existaient pas. Un artifice d’écriture (chiffres en italique) accompagné d’une tentative d’explication tarabiscotée, justifiant aux yeux des rédacteurs ce tour de passe-passe.
Le budget global se trouve de ce fait considérablement réduit et beaucoup plus présentable. En effet les médias faisant confiance au PNR ont annoncé des chiffres sans commune mesure avec la réalité.
Pour 2024, 218 500€ repris par les médias, coût réel 1 081 500€. En 2025 bis repetita.
Sans commentaire. Des explications sérieuses seraient nécessaires !
• Des prévisions déjà sur la voie du dépassement
Transport des oiseaux : Les prévisions 2024 sont d’ores et déjà engagées à 50 % pour 9 oiseaux, puisque 3 trajets en voiture vétérinaire prévus par période de capture pour rapatrier les oiseaux ont déjà été effectués. Sachant que 2 périodes de captures sont prévues par année, pour un prévisionnel de 60 000€ et qu’il faudra encore capturer 40 oiseaux pour réaliser le quota demandé et autorisé, chaque transport en voiture vétérinaire coûtant 10 000 Euros, soit une dépense de 60 000 Euros inscrite au budget pour 2024. Une règle de trois et vous obtiendrez aisément le montant du dépassement du budget transport déjà sensiblement élevé.
• Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?
• Comment le PNR compte-t-il financer ce dépassement ?
• Postes de recettes hypothétiques
Plusieurs lignes de dépenses sont équilibrées soit par du mécénat et une par cet improbable libellé : « financement à rechercher en lien avec Domaines Skiables de France » !!!
Un tel niveau d’amateurisme laisse rêveur.
• Déjà, qui sont les mécènes ?
Le 13 mai 2024
SOS Massif des Vosges, Vosges Nature Environnement, Oiseaux Nature, Avenir et Patrimoine 88, Paysage Nature et Patrimoine de la Montagne Vosgienne